Think Pink!
- Gaëlle
- 23 juin
- 4 min de lecture

Il est partout cette année et pour le printemps il devient la star de nos dressings. Mais si cette couleur nous a donné une incontournable rengaine de Funny Face, est-il vraiment là pour durer ? On revient sur la tendance rose du printemps 2025.
Je suis actuellement en plein déménagement de ma chambre d’adolescente, je passe à mon premier appartement. Le mien. Un grand pas pour moi qui n’ait pas encore passé le cap de la trentaine. Et qui dit nouvel appartement, dit pinterest pour trouver de l’inspiration.
Tout le monde semble unanime dans mes épingles : le rose est LA couleur du printemps.
Je ne suis pas la seule à le dire. Dans les défilés et dans les boutiques, la couleur n’en finit plus de se décliner dans tout son camaïeu. Pensez framboise, fushia, bubble-gum, poudre, ce ne sont pas les options qui manquent. Toutes les grandes maisons l’ont d’ailleurs compris : Chanel, Dior, Chloé, Coperni, Balenciaga (shocking quand on sait que la marque a rejeté toutes les couleurs sucrées de sa colorimétrie). Le rose n’a peur de rien et s’empare de silhouettes toutes plus différentes les unes de les autres, réinventant toutes les dernières trends : Office Siren ? Make it Pink. Y2K ? Pink. Spectacle ? Pink. Sportswear ? Pink.
Du rose. Du rose. Et encore du rose.
Pourtant, le rose n’a pas toujours eu la côte. J’y repense. Petite, c’était une véritable crise que j’avais quand ma mère essayait de me faire porter cette couleur. A l’adolescence, je ne voulais même pas y être associée. Ce n’est que récemment que je me suis réconciliée avec elle. Peut-être un signe de l’influence que le film Barbie a eu sur moi. Ou quelque chose de plus profond ?
En effet, le rose s’est souvent vu mettre de côté. Trop girly, trop kitsch, trop mièvre. C’est marrant notre propension à toujours rejeter ce qui est associé à l’univers féminin. De ce fait, dans beaucoup de cultures et notamment la culture française, le rose a longtemps été associé à la féminité et toujours de manière très réductrice. De sorte que, pour tous ceux qui essaient de rejeter les conventions qu’on veut nous imposer (dont certains rôles genrés qui, très franchement quand on y pense, sont assez idiots), le rose devient l’ennemi à repousser.
Mais le rose n’a pas toujours été genré. Au XVIIIème messieurs comme mesdames se partagent la couleur. Synonyme de pouvoir (cette couleur de teinture demande beaucoup de temps et de moyens), il impose l’élégance d’une société fortunée et bien née. Mais avec la Révolution, c’est la fin des haricots. En effet, pour filer les valeurs du mouvement des Lumières, les hommes abandonnent les couleurs pour leurs vêtements et par là rejettent ce qui est symbole de monarchie.
La Révolution Industrielle, elle, finit d’achever et d’enterrer le rose. Avec l’accélération de la production, l’augmentation de l’urbanisation et la multiplication des gens dans les rues, on ne se salit plus, alors on abandonne tout ce qui demande trop d’entretien. On adopte le noir, jusque-là pourtant réservé au deuil. Le rose, lui, voit sa réputation entachée de méchantes rumeurs. Ce n’est pas de sa faute s’il est la couleur des cochons, ces animaux de ferme se roulant dans la fange. Ce n’est pas pour rien qu’encore aujourd’hui quand une personne entièrement vêtue de rose est considérée comme ayant mauvais goût. Prenons l’icône du rose : Paris Hilton. Impossible dans les années 2000 de ne pas la voir affublée de tous les noms parce qu’elle était en avance sur son temps : le look monochrome.
Aujourd’hui, c’est la chanteuse Sabrina Carpenter qui s’en joue en osant les tenues les plus sexualisées possibles. Vous pensiez que le rose était associé à la luxure ? La sensualité ? Attendez d’écouter ce que cette PollyPocket blonde a à vous raconter dans un ensemble rose pailleté et jarretelles assorties.
Alors comment faire, aujourd’hui, pour reprendre les rênes et redonner sa place à cette couleur trop longtemps reliée aux layettes.
Pas compliqué : le rose est versatile. Il aime les mélanges et ne fait pas la fine bouche contrairement à ses détracteurs. De 7 à 77 ans, le rose va à tout le monde et aime se décliner sous toutes les formes : chemisier, robes, sneakers, foulards, manteaux… et pourquoi pas sur les caleçons de monsieur ? Le rose est vecteur de joie, donc autant l’intégrer partout autour de soi.
Le rose est aussi une marque de confiance en soi. Porter du rose, c’est dur de le cacher, autant être blindé contre les remarques. Malheureusement, les mentalités n’évoluent pas aussi vite que nos trends. Qu’un homme porte du rose et tout le monde se croit permis de pouvoir assumer sa sexualité. Une femme en rose ? On la dépeindra tout de suite romantique, frivole, naïve. Dans les deux cas, la propension de respect qui sera accordée aux porteurs de rose sera bien basse. Le rose est donc définitivement une question sociale qui est faite pour durer.
Quand je montre mes idées de décoration pour mon appartement, on me demande si j’imagine un jour un homme dans ce type d’environnement. A cette question je réponds : si un homme se sent atteint dans sa virilité à cause de la couleur de ma cuisine ou de ma chambre, c’est qu’il n’avait déjà pas sa place dans ma vie.
Le rose, en revanche, est là pour durer.
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