Au sujet de notre obsession pour le string d’Hailey Bieber
- Gaëlle

- il y a 16 minutes
- 3 min de lecture

Et de ce que cela dit vraiment de la mode et de notre société.
Le 13 novembre, lors de l'événement GQ célébrant l’Homme de l’année, Hailey Bieber, fondatrice de Rhode, à offert à la foule un moment de grâce rétro soigneusement orchestré en faisant renaître l’une des pièces les plus mythiques de la maison Gucci. Directement tirée de la collection printemps-été 1997, époque bénie où Tom Ford régnait sur l’imaginaire de la mode en souverain absolu, sa robe en paillettes, au dos dénudé et au charme insolent a une fois encore capté chaque regard.
Le véritable sujet de cette frénésie ? Celui qui a fait vibrer les timelines et chavirer les obsessions mode tient en un détail minuscule : un string apparent, siglé Gucci, exhibé avec une assurance désarmante.
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une archive de l’ère Forde fait vaciller la planète mode. Et cela ne sera certainement pas la dernière. Souvenez-vous : Cannes 20023. Sur le tapis rouge, pour la première de la série “The Idol” (qui se souvient de ce projet d’ailleurs ?) Léna Situations ‘Léna Mahfouf pour l’état civil) surgissait dans une robe Musier d’une modestie presque trompeuse. Puis elle se retourne. Et là, SCANDALE. Le fameux string Gucci, celui qui avait électrisé les podiums… en 1997, l’année de naissance de Léna (et la mienne aussi au passage), refait surface.

Alors, pourquoi sommes-nous obsédés par ces sous-vêtement ostensiblement dévoilés ?
Parce qu’ils demeurent, à leur manière, irrésistiblement transgressifs. On nous a inculqué que la lingerie devait rester cachée, préservée dans l’intimité. L’exhiber revient à briser une convention culturelle profondément ancrée. Et toute rupture de norme, même tacite, a ce pouvoir magique : celui de déclencher la conversation.
C’est précisément là où la mode excelle. Elle se complaît dans cette zone où le sublime flirte avec le sulfureux, où l’on ne sait jamais si l’on se trouve devant une faute de goût assumée ou un geste de génie. Montrer le début d’un string, c’est interroger la frontière entre vêtement et lingerie, entre pudeur et affirmation de soi.
Et inévitablement, cela nous ramène à 1997. À Tom Ford. Au porno-chic qui dominait alors et dont il fut la figure tutélaire. Aujourd’hui, le contraste est saisissant : l’époque semble avoir retrouvé une forme de pruderie. La moindre audace sur un tapis rouge fait frémir, commenter et elle divise. Révéler un éclat de lingerie devient presque un acte politique, un geste d’empowerment, de liberté choisie, loin de la silhouette sage, demure, docile que certains voudraient voir revenir.
La lingerie, parce qu’elle touche au domaine intime, touche aussi aux fantasmes collectifs. Sans jamais obligatoirement verser dans l’hypersexualisation, un sous-vêtement visible réveille un imaginaire puissant : la séduction, la confiance, la théâtralisation du corps. Ce petit détail “qui n’aurait pas dû se voir”, comme autrefois un jupon qui s'échappait ou une cheville qui se révélait innocemment.
Au fond, la lingerie apparente est devenue un symbole de liberté, d’une féminité qui refuse l'injection à la discrétion. Et si la mode revient autant à ces archives, à ces pièces d’une liberté presque insolente, c’est peut-être parce que nous aspirons, nous aussi, à retrouver cette audace.
Alors pour cela, Hailey, plus que pour tes gloss, je t'applaudis des deux mains.




Commentaires