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Non, avoir un Boyfriend n’est pas embarrassant, se contenter du minimum l’est.

  • Photo du rédacteur: Gaëlle
    Gaëlle
  • il y a 2 jours
  • 4 min de lecture


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En réponse à cet article de Vogue UK et pour la défense de ces couples qui font encore croire à une vie amoureuse saine. 


Je suis une amoureuse de l’amour, une romantique incurable. Et pourtant, ironie des choses, je suis aussi une célibataire qui ne force plus rien. Une décision prise le soir exact ou ma dernière relation s’est terminée : ne plus jamais retomber dans les mêmes schémas. Ne plus accepter moins que ce que je peux apporter. 


Il y a quelques semaines, je suis tombées sur un article dans Vogue UK : “Is Having a Boyfriend Embarrassing Now?”(La version française ici). Le titre m’a amusé, l’article m’a fait sourire, puis réfléchir. Sommes-nous arrivés au point où l’idée même d’avoir un copain serait une faute de goût ? Une observation rapide de mes ami.e.s, collègues, de la faune parisienne, me dit le contraire. 


Peut-être faut-il, comme tout, lire cet article avec des pincettes. 


Non, si certaines femmes hésitent à hard-launch leur relation sur Instagram, ce n’est pas parce que la figure du boyfriend serait ringarde, sinon l’espèce serait en voie d’extinction. Ce qui met mal à l’aise en 2025, c’est de se reconnaître dans des dynamiques qu’on pensait enterrés : la co-dépendance polie, les hommes-enfants assumés et surtout le “good guy” performatif, cet ersatz qui coche toutes les cases… sauf les essentielles. 


En un mot : boring. 


Le véritable embarras moderne n’est pas le couple, je refuse catégoriquement cette idée. Le véritable embarras c’est le renoncement. 


Ce malaise-là ne se photographie pas. Il se lit dans les récits minimisés du quotidien. Il est dans ces couples où l’un passe en mode veille, où les ambitions, les désirs, la singularité de l’un des deux* s’effacent lentement, presque élégamment. Vous l’entendez à la disparition du “je” remplacé par un “on” indistinct. Encore une fois : être en couple n’est pas embarrassant. S’effacer pour le couple, si. 


J’ai lu récemment dans Le Monde un mot qui résume parfaitement cette fatigue : l’hétérofatalisme. La résignation chic (avec une jolie conception philosophique) presque lascivement assumée de s’attendre au minimum pour ne plus être déçue. Vraiment ? Est-ce là toute l’ambition sentimentale de notre époque ? 


Le problème, c’est que cette vision finit par nous faire applaudir la médiocrité. C’est mathématique : répétez “aucun homme n’est bien” et vous finirez par trouver fascinant le premier qui ne lève pas un drapeau rouge sous votre nez. 

Il répond à ses messages ? On applaudit. 

Il tient la porte ? On se pâme. 

Il baisse la lunette des toilettes ? On frôle la standing ovation. 


Arrêtons deux secondes. 

Arrêtons deux secondes de célébrer le minimum et de confondre la normalité et le supportable. L’hétérofatalisme ne rend pas les hommes embarrassants ; il rend embarrassantes les concessions qu’on fait pour continuer à croire au couple hétéro. (Et non, inutile de fantasmer sur le couple queer : les dynamiques sont parfois les mêmes.)


C’est dans ce terreau élégant de résignation qu’a proliféré une nouvelle espèce : le good guy performatif. On le croise partout : en ligne et dans les cafés parisiens. Honey, ce n’est pas parce que ton boyfriend a lu The Belle Jar et cite Mona Chollet entre deux flat white qu’il est un homme bien. Poster des matcha lattes dans un café du 11ème n’est pas une preuve de connexion sacrée à sa féminité intérieure : c’est du branding. 


Comme la Pick Me de nos séries préférées (coucou Meredith Grey), le good guy n’est qu’un homme qui veut paraître différent. Il se dit féministe, mais disparaît dès qu’on parle souvernaineté du corps. Vous évoquez les droits des femmes, il corrige en disant “droits humains”. On souffle. 

Toujours la même histoire : brillant en société, absent émotionnellement. 


Avoir un partenaire solide, réel, assumé : ce n’est jamais embarrassant. En avoir un qui joue un rôle pour récolter des likes : c’est assommant. 


Je sais, mes mots peuvent sembler acides et peut-être le sont-ils. Au fond, ce que j’essaie de dire, avec clairement un peu trop de passion, c’est qu’être en couple n’a jamais été le problème. Le problème c’est le moins. 


On ne critique pas celles qui aiment pleinement, celles qui maîtrisent l’art de l’attachement. On questionne celles qui se rétrécissent pour tenir dans un moule trop étroit : pourquoi réduire ses attentes à des bibelots ? Pourquoi transformer un “il fait de son mieux” en qualité ? Pourquoi accepter qu’un lien sans tendresse, sans attention, sans confiance, sans désir devienne une identité ? 


L’amour, le vrai, n’a jamais perdu son allure. 

Avoir un copain ne sera jamais embarrassant. Avoir un partenaire respectueux, présent, n’a rien de naïf ni de daté. Ce qui inquiète, c’est cette capacité à déguiser le “presque ok” en chef-d’œuvre et de sanctifier le “pas terrible” jusqu’à faire de notre patience pour un potentiel qui n’arrive une vertu religieuse. 


Le minimum n’a jamais été romantique. 

L’amour, lui, reste éternellement désirable. 


Surprise, on a un retour de l'auteure de l'article originel !



 
 
 

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